Il me semble que j'ai commencé à apprendre à parler avec une orthophoniste vers 1 an. Il faudra que ma mère confirme. C'est vrai que cela peut sembler très tôt pour commencer à travailler, mais le temps tournait déjà contre moi.
Ensuite, on a déménagé à Auray (puis plus tard à Vannes) et j'ai été mise dans un premier temps dans une école spécialisée, où j'ai eu la chance de tomber sur une bonne sœur, Sœur Myriam, qui a suivi ma classe pendant 3 ans, de la PS à la GS. Elle avait vraiment LA vocation, il suffit d'ouvrir les cahiers qu'elle nous confectionnait pour le constater, je n'ai pas vu de tels cahiers chez mon petit frère ou mes plus jeunes cousins et cousines. Elle prenait le temps de peindre, de colorier, de dessiner, d'optimiser chaque détail pour qu'on apprenne à lire, etc. C'est elle qui a conseillé à mes parents de me mettre dans une école normale car je présentais de bonnes dispositions pour. Ils ont alors tout fait pour que je sois acceptée.
J'ai d'abord été intégrée dans une école primaire de Vannes, à mi-temps, si je puis dire. C'est-à-dire que j'allais dans cette école le samedi matin (je crois...), mais que le reste de la semaine, je continuais d'aller à l'école spécialisée. A ce moment-là, j'étais en CP avec les sourds, mais en GS avec les entendants, pour que je m'adapte en douceur. J'avais deux maîtresses en CP (c'est beaucoup, quand on sait qu'on était 8 élèves sourds, mais cela devait avoir une explication), mais je sentais qu'elles ne m'aimaient pas, alors je ne les aimais pas.
Toujours est-il que je me souviens qu'un jour, elles sont venues me rendre visite à l'école, et que je n'étais pas vraiment enchantée de les voir là, j'étais même plutôt mal à l'aise. Elles avaient alors discuté avec la maîtresse des entendants, et juste après, celle-ci était venue m'engueuler en pleine face, même que j'avais fait un mouvement de recul. Evidemment, je n'avais rien compris à ce qu'elle m'avait dit, mais mes parents ont réagi tout de suite en me plaçant dans une autre école. Cette histoire reste obscure pour moi.
Donc, dans l'autre école primaire, où j'ai continué à aller en GS à mi-temps en parallèle avec le CP à l'école spécialisée, j'ai été très bien acceptée par la directrice en premier (et pour l'anecdote, sa soeur était ma prof de gym à l'école spécialisée), et par le corps enseignant. Mais les 2 maîtresses spécialisées sont revenues me rendre visite à l'école, et comme je me souvenais de la dernière fois où cela s'était produit, je suis restée méfiante, tout en les regardant de loin en me demandant ce qu'elles pouvaient dire à la directrice (qui était ma maîtresse de GS aussi). J'ai donc été surprise quand la directrice n'est pas venue m'engueuler comme un poisson pourri comme l'autre bécasse.
Après ça, j'ai été plus tranquille, et tout se passait bien. Très bien même. Je suis entrée en CP (avec cependant une année de retard par rapport aux autres car ça se faisait lors d'une intégration, mouééé... C'est pour ça que j'allais en GS avec les entendants en même temps que j'allais en CP avec les sourds), et comme j'avais déjà appris à lire, je n'ai pas pris de retard. J'ai eu la chance d'avoir une très bonne maîtresse, compétente, gentille, attentive. De façon globale, je n'ai pas eu de problèmes avec mes maîtres et maîtresses ni avec mes petits camarades. Je me sentais vraiment très bien intégrée. Bien sûr, j'ai eu quelques petits problèmes, mais ce n'était pas forcément lié à ma surdité, il y a des profs moins compétents que d'autres, comme partout.
Mais pendant que je suivais une scolarité normale, j'avais en parallèle des cours d'orthophonie, et qu'est-ce que je détestais ça. Car cela signifiait : sacrifier des heures de récréation... Prendre le taxi pour aller de Vannes à Auray, traverser la cour de récréation et quand je n'avais pas de chance, croiser ces maîtresses que je n'aimais pas... Mais en traversant la cour, je revoyais aussi parfois mes anciens camarades qui grandissaient et que je ne connaissais plus. Plus le temps passait, moins on se comprenait. Ils signaient, et je parlais. Mais j'ai fini par ne plus les voir car sur la fin, c'est l'orthophoniste qui se déplaçait. J'en ai vu passer, des profs spécialisés qui étaient aussi orthophonistes. Il n'y en a pas beaucoup que j'aie vraiment apprécié, hormis une qui n'est pas restée longtemps, et la dernière : une autre bonne sœur, Sœur Anne Catherine. La plus terrible pour moi, c'était Martine, l'avant-dernière, et comme par hasard, je l'ai eue pendant 2 ans... Mais tout cela était vu et vécu avec mes sensations d'enfant, peut-être qu'elles n'étaient pas toutes aussi bêtes et méchantes comme je le pensais.
Elles venaient pour reprendre les points vus en classe que je n'avais pas compris, pour faire de l'orthophonie, et elles venaient durant la récréation et les cours de musique. J'enviais les autres de faire de la musique, et de les voir continuer de jouer. Alors, à partir d'un certain moment (le CE2, je crois), j'ai commencé à faire mine de ne pas les voir arriver, histoire de grappiller encore quelques minutes de jeu. Avec Martine (la pauvre, je lui en ai fait voir de toutes les couleurs, finalement), j'en étais même arrivée à... me cacher derrière un arbre à l'autre bout de la cour, et elle devait d'abord me chercher du regard, pour finalement me repérer (soit je ne me cachais pas bien, soit j'étais dénoncée à chaque fois), et traverser la cour pour venir me prendre par le bras pour qu'on aille travailler. Je traînais toujours littéralement les pieds. Toujours... Et une fois même, avec des copines qui s'étaient faites mes complices, je m'étais cachée dans les toilettes (mais sans les fermer, de peur de rester coincée), mais on a commis l'erreur de mettre une copine juste devant la porte... Là, Martine m'avait littéralement traînée par le bras. Je m'étais fait gronder, bien sûr.
Mais en même temps, Martine m'a créé quelques problèmes avec ma maîtresse de CM1, en allant lui rapporter des propos que je n'avais pas tenus, comme quoi elle était nulle alors que tout ce que j'avais dit, c'était que je n'avais pas compris un mot durant la dictée. Il a fallu que ma mère intervienne. De toute façon, la maîtresse m'aimait bien, pour preuve, elle m'a serrée dans ses bras une fois :p
En CM2, j'ai eu un très bon maître aussi, que j'aimais beaucoup, tout comme presque tous les autres élèves, je pense. J'ai beaucoup d'anecdotes aussi, mais que je ne raconterai pas parce que je doute que cela intéresse vraiment, et parce que ce n'est pas en rapport avec la surdité.
Et avec mes camarades, ils m'ont acceptée d'emblée, d'ailleurs à cet âge-là, on ne se pose pas plus de questions que ça, et on ne voit pas autant la différence que les plus vieux. Sauf une fois, en CE1 (c'est ma soeur qui me l'a raconté bien plus tard), une nouvelle élève a dit que je faisais semblant d'être sourde, ce qui lui avait valu une bagarre avec ma sœur sans que j'en comprenne la raison. Mais cela a été vite réglé, et il n'y a pas eu d'autres incidents du genre. J'avais des copines, une meilleure copine, je parlais avec tout le monde, personne ne rechignait à articuler quand on s'adressait à moi, la seule difficulté, que je rencontre partout d'ailleurs... c'était les discussions en groupe. Une fois, je me souviens avoir interrompu une discussion entre filles et d'avoir dit que j'en avais marre de ne rien comprendre, elles s'étaient tues pendant un instant, et... avaient recommencé comme avant. Alors, j'avais laissé tomber, ça allait bien trop vite pour moi, et les paroles fusent trop vite, plus vite même que la pensée.
Il y avait aussi ma sœur, et je ne sais pas si j'y serais arrivée sans elle. Car comme elle avait sauté une classe, et que j'en avais refait une (pour ne pas dire redoubler, car ce n'était pas le cas), on s'était retrouvées dans la même classe. Il est certain qu'elle m'a beaucoup aidée, malgré elle, mais d'un autre côté, cela avait sans doute son revers. Ainsi, comme j'étais plutôt distraite et tête en l'air, je ne m'en faisais pas, parce que je savais que ma sœur pensait à tout. J'imagine que cela a dû être bien dur pour elle. Mais quand j'étais enfant, je ne m'en rendais pas compte. J'en reparlerai dans un futur article.
Fin du primaire.
mercredi 26 mars 2008
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3 commentaires:
Je découvre des choses sur toi... c'est intéressant.
On peut dire que tu n'as pas suivi une scolarité "normale" par rapport à un entendant typique.
Oui, peut-être que je dis trop de choses compromettantes :))
Toi non plus, Vito :p
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